Samedi 2 et dimanche 3 janvier 2021
Une sainte de notre temps : Victoria de la ROCA. 6 janvier. Guatemala.
L’Eglise d’Amérique Latine, a été au XXème siècle un foyer de martyrs, souvent assassinés dans des conditions d’une extrême cruauté, au nom de leur foi, et des engagements pour la justice auxquels elle les conduisait. Beaucoup de gouvernements qui prirent le pouvoir dans les années 70, sous l’impulsion des services secrets américains, avaient comme ligne de conduite d’éliminer les communautés chrétiennes de base, dont l’action a été désignée sous le nom de « théologies de la Libération ». Les inégalités sociales s’étaient construites sur l’oppression dans laquelle ont été plongées les populations amérindiennes à partir de la conquête par les envahisseurs européens venus d’Espagne, du Portugal et de France. Après avoir arraché leur indépendance en évinçant les colonisateurs descendants des conquistadors du XVIème siècle, leurs pays ont dû subir la sujétion économique des Etats-Unis. Un système d’une féroce violence avait perduré, mis en place par les puissants intérêts économiques, générant inégalité et pauvreté dramatiques. Nombreux furent les Chrétiens qui, au nom de l’expérience du peuple d’Israël, s’organisèrent pour donner la parole aux plus pauvres. Une répression féroce s’abattit sur eux, avec la bénédiction des gouvernements locaux, accumulant assassinats, enlèvements, emprisonnements arbitraires. Cette page noire est restée largement méconnue, Parmi les milliers de victimes de cette politique, seules quelques-unes connurent une certaine notoriété dans les pays occidentaux, comme Oscar Romero, archevêque de San Salvador, assassiné au cours de la messe qu’il présidait. Ou encore les sœurs Alice Domont et Léonie Duquet, torturées et assassinées en Argentine, sur ordre de la junte et des services secrets américains.
Victoria de la Roca était religieuse de la congrégation des sœurs de Bethléem. Effrayée par les conditions de vie infligées aux Indiens, aux paysans et aux pauvres des quartiers périphériques, elle est enlevée par 15 hommes armés de mitraillettes, qui attaquent le couvent (1982). Le président de la république, le général Romeo Lucas, prend le parti des agresseurs, prétendant que Victoria a des liens avec les chefs de la guérilla. Elle est le symbole de l’Eglise engagée aux côtés des pauvres, que les dominants veulent réduire au silence. Ainsi disparurent quantité de Chrétiens qui prenaient au sérieux l’Evangile, et, comme Jésus, y laissèrent leur vie.
La parole du pape François : Fratelli Tutti.(N° 107)
« Tout être humain a le droit de vivre dans la dignité et de se développer pleinement, et ce droit fondamental ne peut être nié par aucun pays. Il possède ce droit même s’il n’est pas très efficace, même s’il est né ou a grandi avec des limites. Car cela ne porte pas atteinte à son immense dignité de personne humaine qui ne repose pas sur les circonstances, mais sur la valeur de son être. Lorsque ce principe élémentaire n’est pas préservé, il n’y a d’avenir, ni pour la fraternité, ni pour la survie de l’humanité. »